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Le cancer du sein ne bouleverse pas seulement le corps médicalement. Il touche l’image de soi, la féminité, l’intimité. Beaucoup de femmes me disent que l’on a préparé leur corps aux traitements, mais rarement leur cœur ni leur sexualité. Comme si ce sujet était encore tabou. Pourtant, après un cancer, il existe mille façons de se réconcilier avec le désir.

L’un des premiers obstacles rencontrés est la sécheresse vaginale, provoquée par les traitements hormonaux ou par une ménopause précoce. Ce symptôme invisible peut rendre les rapports douloureux, au point de décourager toute intimité. Mais il existe des solutions : lubrifiants, gels hydratants, exploration de la sensualité hors pénétration. Le corps peut apprendre à retrouver du confort, pas à pas.

La fatigue, elle, s’invite souvent comme une compagne persistante. Quand l’énergie manque, le désir semble s’éteindre. Pourtant, la sexualité ne se résume pas à de longues étreintes. De courtes parenthèses de tendresse, des massages, des câlins, la redécouverte de zones érogènes oubliées… tout cela nourrit aussi le lien. La lenteur devient alors une force.

Les cicatrices, les changements corporels, la perte des cheveux ou de la poitrine… autant d’épreuves pour l’image de soi. Certaines femmes ne se sentent plus désirables, d’autres évitent les miroirs. Et pourtant, il existe mille chemins pour se réapproprier son reflet : lingerie adaptée, bijoux de peau, tatouages réparateurs, ou simplement le geste intime de se regarder à nouveau avec douceur.

Le couple, lui aussi, est éprouvé. Le partenaire peut avoir peur de blesser, de mal faire, et le silence s’installe. Mais parler, même maladroitement, ouvre des portes. Inventer de nouveaux rituels aide à réancrer la complicité : partager un bain, masser, lire un texte érotique ensemble. Parfois, un accompagnement en sexualité permet de retrouver des mots, des gestes, une créativité intime.

Enfin, il ne faut pas oublier le poids psychologique : la peur de ne plus plaire, la perte de confiance, l’angoisse. Ici, l’accompagnement est essentiel. Thérapie individuelle, cercles de parole féminins, temps pour soi… chaque espace où la parole circule contribue à cicatriser, de l’intérieur.

La sexualité après un cancer du sein ne ressemble jamais à celle d’avant. Mais elle n’est pas condamnée pour autant. Elle se transforme, elle devient plus consciente, plus tendre, parfois même plus profonde. Elle demande du temps, de la patience et de la douceur.

Chaque femme porte son propre rythme, ses cicatrices, son désir unique. Et toutes méritent de retrouver le chemin du plaisir et de l’amour de soi.

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