Aborder la sexualité avec un adolescent, c’est souvent un défi pour les parents. Peut-on en parler sans encourager ? Sans gêner ? Sans perdre pied ? Oui, et c’est même essentiel. Car aujourd’hui, les jeunes grandissent dans un monde où la sexualité est visible partout, mais rarement expliquée avec justesse.
Les images, les vidéos, les réseaux leur montrent une sexualité performante, déconnectée du lien, du respect et de l’émotion. L’enjeu n’est donc pas de protéger de tout, mais de redonner du sens. De replacer le corps, le respect et le plaisir dans une parole vraie.
À l’adolescence, le corps se transforme, parfois plus vite que la tête. Les règles, les érections, les seins, la pilosité, les odeurs, les émotions plus intenses… tout bouge.
Et ces changements peuvent être vécus avec curiosité, honte ou inquiétude.
Conseils concrets :
- Utilisez les mots justes (vulve, pénis, règles, érection, sperme…) sans tabou.
- Valorisez la diversité des corps : chacun se développe à son rythme.
- Rappelez que ces transformations ne sont ni sales ni gênantes, mais naturelles.
“Ton corps change, et c’est normal. Il devient un corps d’adulte, et il mérite ton respect et ta bienveillance.”
La masturbation fait partie du développement sexuel normal, pour les filles comme pour les garçons. C’est une façon d’explorer son corps, de comprendre ses sensations, de relâcher les tensions, parfois même d’apaiser le stress.
À transmettre à votre ado :
- Ce n’est ni « sale » ni « anormal ».
- Ce n’est pas dangereux, à condition que cela ne devienne pas une contrainte ou une fuite.
- C’est une manière de mieux se connaître.
- Il n’y a pas de « bonne » ou de « mauvaise » fréquence.
“Apprendre à connaître son corps, c’est aussi apprendre à se respecter.”
Pour les parents :
Si le sujet vous met mal à l’aise, dites-le simplement : « C’est un sujet délicat, mais c’est normal à ton âge d’avoir des envies ou des curiosités. »
L’objectif n’est pas d’ouvrir un grand débat, mais d’installer un climat d’écoute et de non-jugement.
Les adolescents découvrent souvent la sexualité par accident, via le porno ou les vidéos explicites sur TikTok, Instagram ou YouTube.
Ce qu’ils y voient ne représente ni la réalité du corps, ni celle du plaisir, ni celle du consentement.
Messages clés à transmettre :
- Le porno, c’est de la mise en scène, pas la vraie vie.
- Dans la réalité, il y a du respect, de la maladresse et des émotions.
- Les corps qu’ils voient à l’écran ne sont pas « normes », mais « formats ».
- On ne doit jamais reproduire une scène vue sans le consentement clair de l’autre.
“Le porno ne montre pas comment on fait l’amour, mais comment on filme le sexe. La vraie intimité, c’est autre chose.”
Et les réseaux ?
Sur TikTok, YouTube ou Instagram, la sexualité est souvent banalisée ou sexualisée, surtout pour les jeunes filles.
Parlez-en avec bienveillance : « Les images que tu vois sur les réseaux ne disent pas qui tu dois être. Tu as le droit d’exister autrement, sans te comparer. »
Les adolescents sont exposés très jeunes à des contenus inadaptés, parfois sans même les chercher.
Et si parler de sexualité les aide à développer un regard critique, il est tout aussi essentiel que les adultes agissent concrètement face aux dérives.
Notre responsabilité commune :
- Signaler toute publication, vidéo ou compte qui véhicule des images dégradantes, violentes, sexistes ou sexualisées d’enfants et d’adolescents.
- Sensibiliser autour de soi : famille, école, amis, chacun peut être un relais d’éducation et de prévention.
- Apprendre aux jeunes à faire de même : leur montrer comment bloquer, signaler ou ignorer un contenu inapproprié.
“Protéger, ce n’est pas tout contrôler. C’est leur apprendre à reconnaître ce qui ne les respecte pas.”
En agissant collectivement, nous offrons aux adolescents un environnement plus sûr pour grandir, penser, explorer et aimer, sans confusion entre violence, performance et sensualité.
Dès l’adolescence, il est essentiel d’apprendre que le désir ne justifie pas tout.
Le respect du consentement, c’est la base de toute relation saine.
À répéter souvent :
- Le « non » veut dire non, toujours.
- Le « oui » doit être libre et peut changer à tout moment.
- Le silence n’est jamais un accord.
- Le respect de soi et de l’autre passe aussi par le respect de son intimité.
“Aimer, ce n’est pas convaincre. C’est écouter et respecter le rythme de l’autre.”
Les jeunes ont besoin d’informations précises, sans moralisme ni peur.
Ce qu’ils doivent savoir :
- Le préservatif reste la meilleure protection contre les IST et les grossesses non désirées.
- Il existe une contraception d’urgence, gratuite pour les mineurs. - Les IST peuvent être silencieuses, d’où l’importance du dépistage.
- La contraception concerne les deux partenaires, pas seulement les filles.
Ressources fiables :
- onsexprime.fr
- fil-sante-jeunes.com
- Centres de planification
- infirmières scolaires, sages femmes
- Médecins traitants, sexo
Il est normal de ne pas tout maîtriser. Parler de sexualité peut raviver des blessures, des tabous, ou simplement gêner. L’important, c’est d’oser, pas d’être parfait·e.
“Je n’ai pas toujours les bons mots, mais j’aimerais qu’on puisse en parler quand tu en ressens le besoin.”
Si la discussion est trop compliquée, orientez vers un professionnel : de santé, centre de planification, maison des adolescents, ou Fil Santé Jeunes (0 800 235 236).
Parler de sexualité avec son ado, c’est avant tout parler de respect, d’émotions, de corps et de liberté. C’est offrir un cadre clair et humain dans un monde saturé d’images. Et c’est, quelque part, lui apprendre à s’aimer sans se perdre.
Parce qu’un adolescent bien informé, c’est un adulte plus libre et plus serein.
Téléchargez le guide d’introspection « Parler de sexualité à son ado », pour réfléchir à votre posture, vos valeurs et vos mots.
Et si vous souhaitez être accompagné·e dans cette démarche, je vous reçois en consultation (en visio ou au cabinet), pour avancer ensemble, et échanger.
sandra-frieden-sexotherapeute.com